mardi 22 janvier 2013

Un petit geste d'affection



John la gargouille. Légèrement malveillant, relativement dérangeant, probablement incontrôlable. 

Ce pensionnaire de longue date du Centre des Joyeux croutons n'a jamais brillé par sa conversation, mais ne manque pour autant pas une occasion de faire part de ses ressentis. D'aucuns qualifieraient son attitude "d'antisociale" (dixit l'infirmière) d'autres, moins patients, le qualifieraient de "dégénéré puant" ou de "schizophrène irrécupérable" (dixit mamie Chantal). Il fugue de temps à autre et porte en permanence une blouse sur laquelle figure ses nom et adresse afin d'éviter tout trouble majeur au sein de la population. On ne lui a pourtant jamais reconnu d'attitude dangereusement agressive! Mais ses tendances à renifler, fixer, suivre ou palper les crâne des passants provoquent généralement un profond malaise. 

Le professeur Froeudipe, éminent psychologue, analyse cette volonté de contact comme "étant le fruit d'un désir réminiscent de s'adonner à des actes cannibales. Ou peut être juste un profond manque affectif.".  Ces intéressantes théories sont cependant à modérer: ancien blanchisseur, John fut amené à tester des centaines de marques de lessives pendant plus de quarante ans. Profondément déprimé et trop pauvre pour sombrer dans l'alcool, il se mit à boire quotidiennement de l'adoucissant (non dilué) provoquant l'annihilation totale de ses facultés cognitives. Ce travers gâcha probablement sa vie, mais l'assura d'une haleine lavande-mimosa jusqu'à la fin de ses jours.

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